Juillet 2014 - La passion du Vin

 

Qu’est-ce qu’un grand vin ? Ou Qu’est-ce qui fait un grand vin ?

 

Est-ce son origine botanique (les cépages), géologique (terroirs, sols, climat…) ou le talent du vigneron ?

 

En première instance on est tenté dire que la simple et l’harmonieuse métamorphose de tous ces facteurs font un grand vin. Rien de plus vrai, sauf qu’un incessant péril flotte au-dessus et occulte la fragile vérité, en faveur d’un seul et privilégié facteur. Cette circonscription hâtive était et sera la simple et la malicieuse avancée commerciale (« cette ici qu’on produit le meilleur … »), sauf que notre époque mondialisée, libérale et mercantile façonne et paramètre cette simple spéculation commerciale en profonde vérité. Une vérité standardisée, notifiée qui écrase tout sous ses poids commerciaux. Expliquons cela.       

 

Si les grands vins sont élaboré en Bourgogne, à Bordeaux en Toscane…), ce n’est pas tant la seule qualité du sol où pousse la vigne ou les standards d’une méthode « parfaite » de vinification, mais plutôt les conditions historiques, politiques, sociales et économiques.

 

Les vins font corps avec l’histoire universelle dans un mouvement commun de croissance, décadence, migration ; la dialectique permanente de la passion et de la communion avec la nature et les autres. Ainsi les grands vins sont comme l’incarnation, l’apogée d’un tel mouvement, le compagnon fidèle de la civilisation et sa destinée historique. Là où il y a vigne il y a la civilisation, et la décadence d’une civilisation où d’une région entraîne avec elle  la décadence dans la production viticole. Il suffit regarder ce que le communisme à fait dans l’est de L’Europe par la collectivisation et la contrainte des paysans et des propriétaires latifundiaires à mettre en commun leurs terres et leur matériel agricole. La passion et la relation de l’homme à la nature et à son produit a été brisé en raison d’une fantomatique amélioration collective du travail en équipe et de la répartition des tâches, sous les directives d'un chef élu qui est le plus souvent un adhérent du parti communiste au pouvoir.

 

Ainsi des terroirs dont autrefois on avait élaboré les vins des rois des ducs de l’Europe (Hongrie, Croatie, Moldavie, Bulgarie…) sont devenus des productions agricoles contrôlées et quantifiées par l'État. Mais ce n’est pas que le communisme qui est origine de décadence dans la production viticole. Les vins de Constantia (Afrique du Sud) ont atteint au XIXème siècle une très importante notoriété (les plus grands vins au monde) pour arriver dès nos jours (après un siècle chargé des guerres et d’apartheid) à être quasiment oubliés.

 

En conséquence la « hyper »- importance du terroir, d’un spécialiste mondial qui note et qui fixe les standards du bon vin est illusoire et masque l’essentiel : le terroir, le spécialiste, la notification ne présente d’intérêt qu’au prix de l’effort et de l’obstination des hommes passionnés dans une relation presque religieuse avec la nature et l’environnement. Voici l’essentiel de ce qui fait un grand vin, une vérité de plus en plus déformée par les valeurs globalisées, mondialisées de notre économie dévoratrice. Une vérité flouée et ternie par des intérêts et des lobbys économiques qui n’ont plus rien en commun avec cette relation sacrée, presque religieuse des gens passionnés.

 

La culture de la vigne est l’accompagnatrice fidèle de la civilisation. Là où il y a la vigne il n’y a pas de barbarisme. Mais que se passe-t-il quand cette civilisation stagne dans une sorte d’immobilité obèse ? La passion vacillait et vacille sous les guerres et sous les régimes qui prônent l’abolition de l’accomplissement individuel au profit d’une idée abstraite (communauté, race ou ethnie privilégiée, dogme religieuse…). Notre époque est loin de ces temps-là. Elle fait l’éloge de la perfection, de la quintessence du produit tout comme elle le fait pour la quantité, le marketing, le discount…Quelle vérité dans ces cas-là ? L’effort et l’obstination des gens passionnés suffit-elle encore ou doit-elle se conformer aux règles du marché économique ?

 

Les contestataires du système vont très vite pointer du doigt les intérêts des sociétés multinationales. Les notations et les standards Parker ou celles de magasines spécialisées sont-elles dépourvues de tout intérêt ? Dans la passion qui est à l’origine des grands vins, combinent de marketing et d’arbitrage standardisé se mêlent-t-ils à la fin ? La passion ne piétine pas dans cette guerre des prix et de la standardisation ? Les grandes sociétés peuvent tout simplement acheter des tonnes et des tonnes des raisins des différents producteurs (petits, grands, passionnés, intéressés…) et produire des vins. Comment pouvons-nous reconnaître les grands vins dans ce marrais financier ? La passion de la productivité, de la compétitivité et de la disponibilité immédiate occulte tout simplement la passion ancestrale et sacrée de l’homme et de la nature. Il devient de plus en plus difficile d’en trouver les produits et les vins issus d’une telle passion. Pourtant elle n’a pas totalement reculé ? Doucement cette relation revient au-devant de la scène viticole. Les gens qui ont résisté aux pressions et aux tentations de l’argent facile imposent la qualité et la passion de leur produit. Dans cette « jungle » le consommateur doit constamment défricher les choix en fonction de ce qu’il aime et de ce qui est le fruit d’un travail passionné.             

 

Sélection du mois

Voici une bonne bouteille de Crozes-Hérmitage issue de la viticulture biodynamique.  La vitalité de ces vieilles vignes de plus de 60 ans nous donne un vin puissant et racé. Le cépage (100% syrah) exprime à merveille ses qualités ; arômes des plantes aromatiques (thym, laurier, romarin...) et des saveurs des fruits rouges, notes poivrées, de tabac blond et de viande fumée dans une intensité inoubliable.  

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