Aout 2014 - L'histoire du carménère

 

Qu’est que le carménère ?

 

Le carménère est un vieux cépage bordelais, en quelque sorte le père des très connus cépages « classique » de Bordeaux ; cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot. Le premier est un pur hybride entre le cabernet franc et le sauvignon. Les deux autres font partie de la famille des carmentes, mais sont des cépages upgradés, greffés  avec des cépages plus résistants aux bactéries – en spécial le phylloxéra – et aux vicissitudes du climat.

 

Si le carménère était l’un des cépages phare du bordelais comment se fait-il qu’il n’est plus présent dans cette région ? C’est d’abord l'arrivée du phylloxéra au XIXe siècle qui anéantie le vignoble, puis la faiblesse  du greffage. Cette solution biologique ne répondant pas aussi bien aux dictats du rendement et de la productivité, comme les autres cépages (cabernet franc et merlot) de la même famille, notre époque se délaissa petit à petit, au point qu’on pensait, au début des années 90, ce cépage d'origine bordelaise disparu suite au ravage du phylloxera.

 

L’histoire du cépage carménère devait ainsi s’éteindre à l’aube d’un millénaire dont le vigoureux, le productif et celui qui apporte du bénéfice font la loi. Mais la vie en a voulu autrement, car au même temps qu’on proclamait la mort du carménère, l’œnologue français Claude Valat, découvrit lors de sa visite aux vignobles chiliens, la présence insolite du carménère.    

 

Alors notre première question est doublée d’une autre. Comment ce cépage historique du bordeaux aux saveurs épicées et gouleyantes – mondialement renommé entre XVII et XIX ème siècle – a pu mourir en France, puis renaître en Amérique du Sud ? Certes le Bordeaux a su rebondir avec le cabernet-sauvignon et le merlot, mais je comme l’impression qu’on oublie un peu vite notre héritage, notre histoire.

 

Le carménère et son histoire est là pour nous mettre face-à face avec ce qu’on laisse tomber dans les oubliettes. Il s’est emporté avec un curieux et passionné aristocratique chilien pour se rebâtir une nouvelle gloire outre-Atlantique. Les quelques pieds emportés allaient échapper au désastre et à l’oubli pour prendre racines dans le sol ancestral des mayas.

 

Et le cépage va honorer son hot chilien en propulsant ses vins sur le farouche marché mondial. Et comme se faire justice soi-même le carménère n’a presque pas besoin d’un assamblage avec un autre cépage. Certains pensent qu’il est meilleur en mono-cépage, d’autres qu’il se marie parfaitement avec le cabernet sauvignon et le cabernet franc.

 

Quoi qu’il en soit le carménère est un cépage complexe avec une faible acidité, d’une douceur épicée et une puissante persistance aromatique. Sa robe est de couleur foncée, dans les tons violacés, et le degré alcoolique généralement élevé donne de superbes larmes sur les parois du verre. Le nez tend sur la fraise mûre, les fruits noirs comme la mûre, la betterave, le café, les épices, le fumé et la réglisse. Il est de forte intensité et paraît plus complexe que celui d’un Merlot de même catégorie.

 

Pour les amateurs des bons vins je recommande les vins issus de carménère avec une texture à la fois douce, épicée, suave et puissante, d’un équilibre magistral, dont la finale saline fait saliver. Dommage que la volonté générale des œnologues est celle de s’aligner sur un supposé goût international, marqué par les bois, plus que sur celle de préserver l’originalité du cépage.

 

Sélection du mois

Voici une bonne bouteille de Crozes-Hérmitage issue de la viticulture biodynamique.  La vitalité de ces vieilles vignes de plus de 60 ans nous donne un vin puissant et racé. Le cépage (100% syrah) exprime à merveille ses qualités ; arômes des plantes aromatiques (thym, laurier, romarin...) et des saveurs des fruits rouges, notes poivrées, de tabac blond et de viande fumée dans une intensité inoubliable.  

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